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Faugaret en Assérac

DIFFUSION du film « Vendredi Vénus Blanche » de Jean-Louis Vincendeau.
Tournage et Montage Luc Babin IMEDIAGIN ‘ART, Musique originale et composition Sylvie Noël HOMESTUDIO73

Projection privée à l’initiative de l’Association des Sources et des Livres à Fauraget en Assérac, samedi 3 février 2018 à 20h.

C’ est une bien belle occasion de se retrouver sur un des lieux de tournage, lieu enchanteur qu’est le manoir d’ Asserac !

Entrée libre

Certains d’entre-vous ont vécu quelques scènes de tournage dans ce lieu magique au bord des marais salants.
Un moment pour retrouver nos hôtes et se remémorer l’aventure de Vendredi Vénus Blanche.


Vendredi Vénus Blanche

Film de Jean-Louis Vincendeau

Présentation

Faugaret, le 3 février 2018

Comment parler de la poésie qui vous transporte dans l’intemporel ?

Lorsqu’on regarde les premières images de Vendredi Vénus Blanche, c’est à L’Astrée et Céladon D’Honoré d’Urfé mis en image par Eric Rhomer que l’on pense, l’auteur des Nuits de la pleine lune, des Contes des quatre saisons et de Perceval le Gallois. Puis tout s’entrelace. Il semble que les sources de créations, conscientes ou inconscientes, jaillissent de partout, irrigue le film poétique de Jean-Louis Vincendeau. Elles viennent de loin, des débuts du cinéma même : le Méliès du Voyage dans la lune – ne voit-on pas d’ailleurs dans Vénus Blanche un bel astre étrange et magique parcourir le ciel – mais aussi d’un Peau d’âne et d’un Testament d’Orphée, d’un Roi et l’oiseau, d’un Juliette et la clef des songes, d’une Belle et sa Bête…

On a dit de Méliès qu’il était le magicien de Montreuil, Jean-LouisVincendeau serait-il celui de Saint-Nazaire?

à voir le film on se dit que c’est peut-être, au delà d’une plus qu’heureuse création, un hommage rendu au cœur qui bat de la statue des Visiteurs du soir de Marcel Carné qu’accompagnait Jacques Prévert, à Marcel l’Herbier aussi et sa Nuit fantastique, à Maurice le Tourneur et son Oiseau bleu, à Jean Cocteau et son Sang d’un poète, à l’éclectique Julien Duvivier qui alterna film réaliste et film fantastique tout au long de sa carrière, à son Golem et à sa Charrette fantôme , à La dixième symphonie d’Abel Gance, d’ailleurs il y a une comète qui file aussi dans sa Fin du monde. Hommage aussi sans doute au Château de verre de René Clément, à la Bergère et au ramoneur de Paul Grimault, à Fantasmagorie d’Émile Cohl en 1908, le premier dessin animé français et à tant d’autres encore qui sont au royaume de la féerie, du fantastique et du merveilleux…

On peut inscrire Jean-Louis Vincendeau dans la lignée des « Il était une fois » où rêve et réalité sont étroitement liés. Où la poésie rentre par portes et fenêtres quand elle ne traverse pas les murs de pierre. Edgar Morin dans son essai anthropologique Le cinéma ou L’homme imaginaire1  écrit que le cinématographe est l’unité dialectique du réel et de l’irréel, que l’irréel a pignon sur le réel, est-ce à dire que le quotidien et le fantastique sont au cinéma la même chose à double visage ? Ou comme l’on dit les spécialistes de l’énigmatique Melencholia de Dürer (et son objet céleste irradiant) : une féerie réaliste ?

Charles Pornon dans son ouvrage Le rêve et le fantastique dans le cinéma français2 avance, quant à lui, l’idée que certains films ont, par la vertu du fantastique, le mérite « d’abolir l’intervalle exagéré entre rêve et réalité », de pouvoir « renverser d’une chiquenaude les plus paralysantes conventions ».

Jean-Louis Vincendeau, d’une façon toute singulière et poétique, explore un domaine imaginaire et onirique hors du temps où la transfiguration de la réalité prend tout une ampleur. C’est la magie par la fabulation de l’image, une bouffée de merveilleux, un lâcher d’oiseaux s’envolant dans un ciel rosissant.

Au château de Ranrouet près d’Herbignac et au manoir de Faugaret, les chandeliers et les coffres pourraient avoir des bras comme dans le palais de la bête où un hélicoptère amène une marraine3. Dans le port de Saint-Nazaire, les grands tankers sont peut-être de beaux vaisseaux et les solex des destriers. Les jeunes héros ont de longs cheveux et de beaux regards. Nous sommes au Moyen-age ici et au petit Maroc la-bas, le passé se prend d’amour avec le temps présent : c’est l’univers des contes. Rien n’est vrai, tout est vrai. La musique de Sylvie Noël est d’hier et d’aujourd’hui, elle enveloppe l’histoire où les enfantelets sont joyeux et graves tout à la fois, elle accompagne l’amour racontée.

Le charme opère sur l’homme-enfant que nous sommes à jamais.

Marie-Laure Jeanne Herlédan

1) Edgar Morin, Le cinéma ou l’homme imaginaire, Minuit, 1956

2) Charles Pornon, Le rêve et le fantastique dans le cinéma français, La nef de Paris, 1959

3) Référence à La Belle et la bête de Jean Cocteau, 1946